En écoutant cet enregistrement, on est d’abord charmé par sa sonorité très vintage, caractéristique des années 40, qui nous est restituée ici sans remasterisation. Un son unique à la fois grésillant et duveteux qui place ce moment d’écoute hors du temps.
Puis on reconnaît immédiatement ce standard du jazz, Stompin’ at the Savoy, interprété ici par le monumental Art Tatum et son orchestre. Le style de ce grand pianiste de référence, dont on a déjà dit quelques mots sur ce blog, est identifiable dès les premières notes. Bien que cette version fasse la part belle à la trompette et à la clarinette, le doigté très singulier de Tatum qui détaille les notes en même temps qu’il les assemble, frappe inévitablement l’auditeur.
Une certaine insouciance se dégage de cet air qui, sur cet enregistrement, a quelque chose de bucolique. On ferme les yeux et on croit entendre les notes du piano dévaler gaiement les collines d’une prairie en fleur, portées par le son d’une fière trompette et d’une clarinette zéphyrienne. Pourtant, rien de moins champêtre que le thème de ce morceau ! En référence au Savoy Ballroom, ce célèbre club de jazz au cœur du Harlem des années 20, ce titre a été composé par Edgar Sampson en 1934 pour l’orchestre de Chick Webb. Le dancing mythique, qui a vu défiler les plus grands orchestres de son temps, accueillait danseurs noirs comme blancs sur trois milles mètres carrés de piste à une époque où la discrimination divisait ostensiblement la population américaine. La danse par-delà les clivages, c’est l’héritage du Savoy dont cette chanson porte le témoignage.Swing Mood Jazz
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