Ella Fitzgerald – Flying Home

Nous vous avons déjà fait découvrir « Flying Home » de Lionel Hampton il y a quelques semaines, dans une version de 1942 rendue célèbre par le merveilleux solo d’Illinois Jacquet. Aujourd’hui, nous vous proposons d’écouter ce même morceau dans une version différente.

On retrouve la mélodie, la rythmique et la formidable énergie de ce titre. Mais cette fois-ci, un instrument tout à fait exceptionnel s’impose au reste de l’orchestre : la voix extraordinaire d’Ella Fitzgerald, grande prêtresse du Jazz en général et du scat en particulier.

Le scat, c’est ce charabia mélodique, une sorte d’improvisation chantée faite d’une succession d’onomatopées, dans laquelle la sémantique laisse la place à l’expression spontanée et personnelle du ressenti.  

Ce style musical aurait été rendu populaire par Louis Armstrong qui, en plein milieu de l’enregistrement de son disque Heebie Jeebies en juin 1926, fait tomber ses partitions et, ne connaissant pas les paroles par cœur, se lance dans une improvisation de « dip dop doo », avec une musicalité parfaite. Ce qui fut alors un simple instrument de « gestion de crise » devint par la suite un style musical à part entière, extrêmement populaire parmi les jazzmen et jazzwomen de l’époque.

On imagine ce qu’il faut de justesse, de souffle et de maîtrise pour se lancer dans un morceau sans pouvoir se reposer sur le filet de sécurité que représentent les paroles d’un titre, dont les syllabes, les rimes et les silences ont été minutieusement pensés pour coller parfaitement à la mélodie. Mais en même temps, quelle liberté que de pouvoir exprimer spontanément son ressenti de la musique et de l’instant, sans être enfermé par les mots et leur sens. Alors, tendez l’oreille ! Ecoutez avec le cœur et non avec l’esprit !

Source photo : Gilles Petard/Redferns